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Quand on commence à s’intéresser à la photo, il arrive vite le moment où le choix d’un logiciel de traitement d’image se fait sentir. Dans les logiciels de traitement de photos RAW, la première recherche de google que vous ferez vous amènera immanquablement sur le champion des logiciels qui est Adobe Lightroom. Celui-ci est massivement utilisé par les photographes amateurs et professionnels.

S’il est très utilisé, c’est qu’il est doué dans sa fonction qui est de retoucher des images RAW et de les cataloguer pour les retrouver facilement. Par contre, sa politique commerciale m’a arrêté dans mon élan et m’a obligée à vouloir comprendre qu’est-ce qui le rend si indispensable.

Malheureusement, en cherchant quels sont les vrais points où il est incontournable, je n’ai pas trouvé d’arguments factuels. Il y a les arguments marketings d’un côté (a grand renfort d’IA en ce moment), et les habitudes des photographes de l’autre.

Comme je n’ai pas trouvé d’article qui compare simplement les fonctionnalités de base que sont censés gérer les logiciels de traitement de photo, je l’ai écrit.

Dans cet article, on verra donc : 

  • Pourquoi tenter de renoncer à Lightroom ?
  • Comment choisir son logiciel de post-traitement.
  • Les critères importants des logiciels de post-traitement.
  • Une pré-sélection des logiciels candidats
  • Une série de tests à réaliser pour trouver son logiciel

Pourquoi tenter de renoncer à Lightroom ?

Le principal reproche que je fais à Lightroom est son principe d’abonnement : En effet, pour pouvoir l’utiliser, il n’y a pas d’autre choix que de payer un abonnement mensuel. Il n’existe pas de licence où après avoir acheté, tu utilises le logiciel à vie, ou au moins jusqu’à décider d’acheter la prochaine mise à jour.

Alors, certes, l’avantage de l’abonnement, c’est que tu as toujours une version totalement « à jour » du logiciel et les dernières fonctionnalités. L’Inconvénient, c’est que c’est à long terme tu ne peux plus faire autrement que de payer tout les mois.

Mettons nous d’accord tout de suite : Que l’on paie pour utiliser un outil, c’est normal, pas de souci. Ce qui me gène particulièrement, c’est que le jour où vous décidez d’arrêter l’abonnement, vous ne pouvez plus éditer les anciennes images. Votre travail et votre classement d’images deviennent inutilisables. C’est ce sentiment d’être prisonnier d’une entreprise qui m’a profondément contrarié et m’a décidé à faire un comparatif réaliste des logiciels de développement RAW qui sont sur le marché. .

Donc, la question reste entière : Quel logiciel de post-traitement choisir ? Et existe-t’il une alternative à Lightroom ?

Il existe des tas de comparatif plus ou moins intéressant sur internet, mais je vous propose ici une approche différente : je vais utiliser des concurrents à Lightroom et je vais développer des images RAW avec. Je vous propose un comparatif de l’utilisation avec une mise en situation plutôt que de rester sur la fiche technique commerciale.

Comment choisir un logiciel pour développer ses images RAW ?

Il existe aujourd’hui des dizaines de logiciels candidats. Au moment où j’ai dû faire mon choix, j’ai parcouru beaucoup de comparatifs qui comparaient les 10, les 15 les 25 logiciels…

En réalité, ces comparatifs n’aident pas vraiment car ils nous noient dans une confusion et une profusion de solutions en souhaitant être le plus complet. Beaucoup de logiciels cités ne sont pas adaptés à la pratique photo, mais ils figurent dans les comparatifs parce qu’ils savent ouvrir un fichier RAW. Donc, ils sont tous cités, (super !) mais c’est encore à vous de trier. Je vous propose donc autre chose ici.

Pour pouvoir choisir un logiciel, il faut savoir ce qu’on veut lui faire faire.

Darktable en pleine action !

Le problème, c’est que lorsqu’on débute dans un domaine, on ne sait pas vraiment de quoi on va avoir besoin. Au départ, on veut juste “développer ses photos”. Mais quelles sont les fonctionnalités inconnues qui vont vite se révéler indispensables. Et quelles sont les fonctionnalités marketings qui sont mises en avant dans les logiciels et qui finalement ne sont pas si importantes ? 

Pour vous aider, je vais donc faire des choix qui vont correspondre au plus grand nombre d’entre vous et qui vont nous permettre d’éliminer l’ensemble des logiciels qui ne pourront pas permettre une progression et une utilisation en tant que photographe dans un cadre de retraitement et de classement de ses images.

Les critères de choix d’un logiciel de post-traitement RAW.

Qu’est-ce qui est indispensable, qu’est-ce qui n’est pas indispensable et qu’est-ce qu’il faut éviter ? Quand on débute, on est perdu devant les choix et les annonces commerciales.

Donc, ici, je vais faire des choix qui vont correspondre à une utilisation générale. Ce sont les fonctions de base indispensables.

Tranquillisez-vous si les termes utilisés ci-dessous vous sont encore un peu étranger. On peut commencer la photo sans les avoir en tête. Par contre, vous allez les découvrir prochainement dans votre cheminement et votre progression. Et vous serez très heureux de constater que le logiciel que vous avez choisi permet “aussi de faire ça !”

Donc, ce dont on a vraiment besoin ( sans forcément le savoir) :

  • Pouvoir lire et convertir les images RAW de mon appareil photo (y compris drone et smartphone) pour pouvoir les exporter en JPEG.
  • Pouvoir traiter aussi les formats jpeg, TIFF
  • Pouvoir recadrer les images, les inverser, les faire tourner selon un angle (pour redresser l’horizon par exemple), redresser les perspectives.
  • Pouvoir modifier teinte, luminosité, brillance, saturation, contraste… transformer une image couleur en noir et blanc..
  • Pouvoir créer des zones distinctes (des calques) et appliquer spécifiquement des réglages.
  • Pouvoir traiter et réduire le bruit numérique
  • Pouvoir compenser les défauts optiques des objectifs
  • Pouvoir gérer un catalogue d’images, classer ses images, les trier, les noter et les retrouver facilement et rapidement avec des mots clefs et des critères de recherche. (et ça, mine de rien, c’est vraiment important)

Ce qui n’est pas indispensable :

  • Suppression/remplacement de ciel ou d’objet : on est à la limite de la photo et de la peinture. C’est totalement discutable, mais je fais le choix de rendre cette fonction optionnelle.
  • Améliorer la photo “en un clic” par magie ou intelligence artificielle : C’est séduisant, mais si on cherche à utiliser son appareil photo autrement qu’en “Tout automatique”, c’est dommage de confier l’étape finale de traitement à une machine “tout automatique”. Ça peut aider, mais ce n’est pas indispensable.
  • Stockage cloud… c’est bien, mais ce n’est pas le rôle. Il n’y a pas de rapport entre le traitement d’image et le stockage cloud.
  • Dessin sur les images : on souhaite retoucher une photo, on ne fait pas d’illustration et de conception : Pour être clair, c’est OK pour masquer un avion dans le ciel, mais le but n’est pas d’en dessiner un s’il n’existait pas. Il existe d’autres logiciels pour ça. (Gimp, Photoshop etc…)
  • Logiciel qui crée un aspect “vintage”, Sepia, , “image aspect plaque de verre” ou autre effet spécial.

Ce qu’on va éviter :

  • On évitera les logiciels qui ne fonctionnent que sur tablette ou smartphone. L’idée d’utiliser une tablette est séduisante. Par contre, si vous cherchez à atteindre un rendu de couleur précis, il faut pouvoir se mettre dans des conditions où l’écran est “fidèle”. Ce n’est pas dans le train ou à la pause café que l’écran du smartphone sera le mieux réglé. Donc, on part sur un logiciel qui tourne à minima sur un PC (portable ou de bureau).
  • On testera aussi les logiciels payant par abonnement mensuels, mais dans la démarche, je chercherai à tout prix à les éviter.

Une première sélection des logiciels de post-traitement :

Pour éviter de tester tout et n’importe quoi, j’ai fait une première sélection en me basant sur les caractéristiques techniques, des essais rapides et les plaquettes commerciales.

Il en résulte la liste ci dessous :

Mise en situation des logiciels de développement RAW sélectionnés.

Pour pouvoir se faire une idée, rien de tel que de les tester pour se rendre compte de leur potentiel. Et pour que le test soit représentatif, je vais effectuer les mêmes modifications sur les mêmes images. Cela permettra de tester les possibilités et l’ergonomie.

Test 1 : L’importation des images et le catalogage.

Ce test vise à vérifier la possibilité de gérer la collection de toutes nos photos. Nous allons notamment tester l’ergonomie de la recherche, le tri des images, l’annotation de mots clefs. Le but est de vérifier que le logiciel sera à même de retrouver des photos par des sélections. 

Oui, même si ce n’est pas la première fonction que l’on cherche dans un logiciel de post-traitement, c’est une fonction indispensable pour naviguer dans les centaines d’images que vous allez collectionner sur votre PC.

Test 2 : post-traitement d’une image en noir et blanc.

Dans ce test, je vais traiter une image couleur et la convertir en noir et blanc. Il faudra y apporter les modifications suivantes :

  • Conversion en noir et blanc
  • Modification du contraste / luminosité
  • Modification spécifique du contraste et de la luminosité dans une zone spécifique (le ciel)
  • Retouche de l’image pour déplacer un élément (le bateau) dans la photo
  • Suppression d’une poussière du capteur.
  • Ajouter un cadre noir et blanc et un titre.

La finalité est d’arriver à une photo qui ressemblera à celle ci :

Test 3 : Suppression du bruit d’une image

Quand les conditions lumineuses deviennent délicates et que la lumière commence à manquer, les apparails photos utilisent la montée en sensibilité pour compenser le manque de lumière. Le souci, c’est que le bruit numérique fait son apparition, et qu’il peut nuire totalement à la qualité. Les logiciels de post-traitement savent avec plus ou moins de talent réduire ce bruit disgracieux.

L’image ci-contre a été prise à 6400 ISO avec un Lumix S5. Sur mon appareil, le bruit apparaît sur les images RAW et se voit franchement en grossissant. Nous allons voir comment le logiciel est capable d’atténuer le bruit électronique du capteur sans dégrader la photo.

Le bruit est bien visible sur le bleu de la porte

Test 4 : une image à grande plage dynamique 

Dans la dernière image, on teste le recadrage et le comportement des couleurs sur une image délicate de coucher de soleil contrastée. La plage dynamique va du plus sombre au plus clair et les retouches de couleurs peuvent générer des artefacts et des fausses couleurs au traitement.

Nous regarderons donc des points suivants : 

  • Recadrer une image
  • Redresser l’horizon
  • Rehausser les couleurs sans brûler la zone du soleil
  • Augmenter le contraste sans perdre la texture du bateau

Le but est d’arriver à une photo qui ressemble à ceci :

Conclusion

Les bases du test sont posées. Nous verrons dans les articles suivants comment les logiciels en situation s’en sortent pour faire “le même travail”. Nous verrons s’il est plus simple, ou plus complexe pour arriver au même résultat.

Nous verrons aussi si il existe des alternatives à Lightroom ou bien s’il est est totalement incontournable à la pratique photographique.

Si vous connaissez un logiciel, si vous utilisez un logiciel que je n’ai pas cité, n’hésitez pas à m’en faire part dans les commentaires, je me ferai un plaisir de le tester et peut-être bien de l’adopter.

A+ et faites des belles photos

Comment choisir son logiciel de post-traitement photos Lire la suite »

Des tomes de Cantal Salers AOP rangées dans une cave de maturation

Destination … Loubejac.

C’est quoi vraiment la vie d’une famille d’agriculteurs aujourd’hui ? Qu’est-ce que ça implique aujourd’hui de fabriquer du fromage ? Est-ce que tout ce que l’on consomme provient forcément de grandes usines ou existe t’il des alternatives ?

Samedi matin, 6h20, je suis déjà levé depuis une demi-heure et je roule sur les petites routes du cantal en me posant toutes ces questions.

Le jour aussi est déjà levé, mais il fait froid et gris. C’est le genre de météo que tu apprécies particulièrement quand tu peux rester te prélasser sous la couette.

Mais ce matin là, je n’ai pas le temps de flâner. Je me gare sur le bord de la route dans le lieu-dit de Loubejac en bordure du grand corps de ferme et j’enfile mes bottes en caoutchouc. C’est un des instruments de travail principaux, m’a dit Félix en riant lors de notre première rencontre.

vue générale de l'étable pendant la traite des vaches.

Ce matin, j’ai donc rendez-vous avec Félix Troupel, Agriculteur et producteur de Cantal Salers AOP.

Lui, il s’est levé depuis bien plus longtemps que moi, et pour lui, c’est le quotidien.

Le retour à la terre.

La ferme des Troupel est dans la famille depuis 1924 – Presque 100 ans ! Elle est nichée à une altitude de 800 mètres, à la frontière entre le Cantal et l’Aveyron, entre les villages de Carlat et de Cros-de-Ronesque. Ce qui est surprenant, c’est que la ferme se trouve encore dans le secteur géographique autorisé pour produire du Cantal AOP Salers.

Une tranche de fromage cantal

Si aujourd’hui on y produit du Salers AOP, la production n’a pas été continue pendant 100 ans. Petit retour en arrière, en 2008 : C’est l’année où le père de Félix prend sa retraite. La ferme ne produit déjà plus de fromage depuis quelques années.

Quant à Félix, en 2008, il a suivi une autre voie, totalement éloignée de l’agriculture : il est à l’époque cheminot depuis 13 ans.

Rien à voir avec le Cantal !

Seulement, à la retraite de son père,  il a dû faire un choix : Que faire de la ferme ? Que faire des bêtes ? Et que faire des prés et des terrains ? La vente de ceux-ci est tout à fait possible, les terrains manquent et ils feraient le bonheur d’un autre agriculteur. La mise en location est aussi une option techniquement envisageable.

Mais, contre toute attente, c’est une autre option qui a été prise. Le genre d’option qui n’est pas de tout repos et qui demande un courage et un engagement au quotidien.

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Félix fait alors le pari de reprendre la ferme de ses parents. En 2008, il se met donc en disponibilité de la SNCF pendant un an et reprend l’activité en cours à l’époque à la ferme, à savoir la production de viande bovine. (système allaitant si on veut être précis)

Cependant, quelques années plus tard, sur les conseils de son père, Félix va transformer l’activité de production de viande par la production de Cantal. Bien entendu, la transformation ne s’est pas faite en un claquement de doigt.
Il faut alors remettre aux normes la fromagerie, réapprendre les gestes pour fabriquer du fromage et changer le cheptel qui n’est pas du tout adapté. C’est vrai que vu de loin, produire des vaches pour la viande ou pour faire du fromage, c’est quasiment la même chose. Quand on regarde le détail, c’est un tout autre métier.

La transition de l’exploitation et la relance de la fromagerie s’achèvera en 2017. Malheureusement le père de Félix n’aura pas la chance de voir l’achèvement du projet car il décédera un an avant la fin.

Pourquoi alors avoir renoncé à sa carrière de cheminot, un métier qualifié parfois de job « avec la sécurité de l’emploi » pour reprendre une exploitation agricole ? Pourquoi risquer de reprendre une activité dite saisonnière et soumise aux aléas climatiques ? Pourquoi vouloir affronter des incertitudes de revenus inhérentes au monde agricole ?

En entendant son histoire, je ne peux pas m’empêcher de lui demander pourquoi ; Pourquoi en effet avoir choisi le chemin qui semblait le plus difficile ? Félix me répond alors que se résoudre à vendre n’était pas possible. De plus, les enfants étaient motivés pour garder la ferme. Ils y ont toujours participé et même s’il n’étaient pas encore en âge de le faire, ils se voyaient perpétuer la tradition des grands parents.

Le pari était osé. Risqué même. Était-ce la bonne décision ? Finalement, les enfants de Félix sont-ils vraiment restés à la ferme ou bien sont-ils partis travailler ailleurs ? C’est quand même tentant les horaires de bureau, les week-end peinard, les congés payés et les samedi matin pluvieux sous la couette.

Allez ! Retour dans le présent, les deux pieds sur terre (dans les bottes) car ce matin, je rencontre une famille d’agriculteurs producteurs de Cantal Salers AOP.

Plongée dans le quotidien d’une famille d’agriculteurs.

Félix m’a donné rendez-vous entre 6h et 7h à l’étable. Il est déjà levé depuis bien plus longtemps que ça, mais les heures, c’est précisément ce qu’il ne compte plus trop aujourd’hui. Bien avant que j’arrive, Théo, Laurine et Félix sont partis chercher les bêtes pour les ramener à l’étable. La traite du matin, c’est à 6h et c’est tous les matins ! Les vaches produisent même le week-end.

L'agriculteur vérifie le niveau de remplissage du récipient de récolte du lait.

De plus, la production de fromage Salers impose un cahier des charges strict : Le lait doit être transformé en fromage sur le lieu même de la récolte. Donc pas de transport en camion vers une coopérative.

Enfin, il ne peut pas être stocké au froid et réchauffé pour être employé plus tard : Donc deux fois par jour, les 50 vaches sont traites et le fromage doit être fabriqué dans la foulée.

Tous les jours, deux fois par jour, entre le 15 avril et le 15 novembre, ce sont les mêmes gestes qui sont répétés.

Tout commence donc par la récolte du lait à la ferme très tôt le matin. Ce que l’on imagine pas, c’est que la fabrication du fromage commence très discrètement dès le moment où le lait est récolté. En effet, pendant la traite, le lait est récupéré dans des barriques de bois appelées « Gerles ».

Le récipient de récupération de la traite du lait est presque plein.

Pour l’AOP Salers, on s’interdit d’utiliser un tank à lait en acier inox car la gerle a des propriétés cachées : le bois de châtaignier dont elle est conçue va ensemencer le lait avec les micro-organismes contenus dans les fibres du bois. Ces micro-organismes vont participer à donner au Salers ce goût si caractéristique.

D’autre part, le bois facilitera aussi le maintien en température du lait. Finalement, ce n’est pas pour rien que l’utilisation de la gerle est imposée dans le cahier des charges AOP Salers.

Il est tout juste 8h00 et pendant que Théo va s’occuper de ramener les bêtes à la pâture et préparer l’étable pour la future traite du soir, Félix et Laurine changent de tenue pour se retrouver dans la fromagerie.

Dès la fin de traite, le lait y est emmené sans tarder car il faut l’employer très rapidement. Une des clefs de la réussite de la fabrication, c’est sa température : Trop froid ou trop chaud, le lait ne caillera pas correctement et la qualité du fromage sera directement impactée.

La première étape dans la fromagerie est donc l’emprésurage du lait directement dans la gerle. La présure est ajoutée pour que le lait caille. En à peine moins d’une heure, le lait contenu dans la gerle prendra alors la consistance d’un yaourt géant.

Cependant, pendant cette heure de pause, Laurine et Félix n’auront pas de temps à perdre : Ils vont devoir s’occuper de la production des jours précédents.

Ils commencent donc par « faire de la place » en retirant les tomes qui sont finies de presser et qui vont prendre le chemin de la cave d’affinage. Les autres tomes qui ne sont pas encore suffisamment sèches sont retournées et remises sous presse. Il reste encore à s’occuper des morceaux de tomes qui n’ont pas encore été moulées : Ces morceaux sont pesés, broyés et salés et mis en maturation. Enfin, le précédent mélange de tome broyé et salé sera tassé dans un moule et mis sous presse. Il sera lui aussi retourné plusieurs fois et pressé à plus de 600 kg et deviendra dans quelques jours un fromage d’environ 50 kg qui prendra lui aussi la direction de la cave d’affinage.

On prend alors conscience que lait récolté aujourd’hui commence une lente transformation qui va durer plusieurs jours dans la fromagerie et qui continuera pendant plusieurs mois en cave d’affinage avant d’arriver sur un plateau de fromage.

Mais pour l’instant, c’est le moment de s’occuper du lait caillé. Au bout d’une petite heure, Laurine et Félix entament de séparer le caillé du petit-lait. A l’aide d’un tranche-caillé, ils vont mixer de haut en bas le caillé pour le « découper ». Les mouvements sont fluides, la chorégraphie est lente, le fromage mérite qu’on y accorde du temps. Le tranche-caillé va permettre de créer des « grains » de fromage qui seront rassemblés dans le fond de la gerle, tandis que le petit-lait en surface sera écopé.

Laurine et Félix transfèrent alors la tome fraîche qui reste au fond de gerle dans une presse afin d’en sortir tout le petit lait qui y est encore contenu.

La tome sera pressée, découpée en gros cubes, mélangée et pressée à nouveau pendant toute la matinée jusqu’à atteindre le bon taux d’humidité. Le petit-lait qui est très abondant en début de presse va se faire de plus en plus rare au fil du temps.

Quand les morceaux de tome issus de la traite du matin sortent de la presse, ils sont mis au repos à maturer. Ils seront alors employés dans quelques jours pour y être à leur tour pesés, broyés, salés et moulés. En attendant, la fromagerie est déjà remise en ordre pour accueillir la traite du soir qui arrivera dans à peine quelques heures.

Il n’y a pas de temps mort dans la fabrication du Salers. Juste un cycle qui commence mi-avril et qui finit mi-novembre.

Quel avenir ?

Quand on demande à Félix s’il regrette ses choix, il sourit. C’est vrai que le pari de reprendre la ferme était osé. Mais si c’était à refaire, il le referait. D’ailleurs, les enfants viennent de rejoindre le GAEC familial. Ce n’était pas « juste » un rêve d’ado éphémère vite oublié ; C’est devenu un vrai engagement.

Laurine, sa fille, vient de terminer ses études au lycée Agricole alors que Théo, son fils, a fini sa formation en Maison Familiale Rurale.

Leurs diplômes en poche, la tête sur les épaules, ils sont là, tous les jours avec les parents, Félix et Cécile pour perpétuer la tradition de la fabrication du fromage Salers AOP.

L’histoire ne s’arrête pas là. Elle ne fait que commencer d’ailleurs car ils ont des défis à relever, et notamment d’arriver à moderniser par touches successives l’exploitation tout en conservant la tradition de la fabrication du Salers AOP exceptionnel.

Quand on achète un morceau de fromage, on a pas la moindre idée de l’engagement des femmes et des hommes qui œuvrent en coulisse pour perpétuer les traditions. Un grand merci à Félix, Laurine et Théo de m’avoir fait partager, le temps d’un matin, un moment de leur vie faite d’engagement, de passion et de courage.

3 agriculteurs sur le seuil de leur étable.

Voir toutes les images.


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Rencontre au pays du Cantal Salers AOP Lire la suite »

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